Le tronc, s. v. p by Carter Brown

Le tronc, s. v. p by Carter Brown

Auteur:Carter Brown [Brown, Carter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Humour, Policier, Littérature australienne
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1963-10-23T23:00:00+00:00


CHAPITRE VII

Le même employé est de service à la réception du Pines Hôtel. Ses lunettes s’embuent légèrement quand il me reconnaît.

— Bonsoir, lieutenant. Miss Schœmaker est chez elle.

— Merci. Et M. Martinelli ? Est-il chez lui ?

— Martinelli ? murmure-t-il avec un froncement de sourcils inquiet. Décidément la police s’intéresse beaucoup à nos clients, ces temps-ci.

— Questions d’affinités, probable. (J’ajoute, distraitement :) Vous avez fait des transformations dernièrement ?

Ses yeux s’arrondissent d’admiration.

— Ça, par exemple ! Tout juste, lieutenant ! Il y a à peine quinze jours qu’on a fini de repeindre les trois derniers étages !

— Vraiment ? Fais-je, tout à fait étonné.

— Et où est Miss Schœmaker ? Triomphe-t-il. A l’appartement avec terrasse du dernier étage ! Et M. Martinelli au 1901, juste en dessous !

— Merci, lui dis-je.

Il hoche la tête, de plus en plus admiratif.

— Je suppose que la détection des criminels est devenue un travail tout à fait scientifique, à présent, lieutenant. Je parie qu’il faudrait être rudement malin pour vous rouler.

— Comme vous dites.

Ses lunettes se brouillent complètement et j’en profite pour abandonner le bureau au profit de l’ascenseur qui m’emmène au dix-neuvième étage. Martinelli ouvre. Il ne paraît pas particulièrement enchanté de me voir.

— Qu’est-ce que vous voulez encore ? grogne-t-il.

— Vous parler, Gabriele.

— On se préparait à faire la tournée des grands-ducs.

— Alors vous m’accorderez bien les dix premières minutes de la soirée ?

Je n’attends pas qu’il m’invite à entrer et je me propulse tranquillement dans le salon.

Une voix aiguë crie de la chambre :

— Dis, mon lapin ! Tu crois que je dois encore mettre les perles ? Est-ce que les émeraudes iraient pas mieux avec cette robe ? Attends, je vais te montrer.

Cinq secondes plus tard, Georgie s’amène en caracolant dans la pièce, le collier de perles dans une main, les émeraudes dans l’autre. Elle est si généreusement pourvue parla nature que lorsqu’elle s’arrête de bondir, le reste de sa personne continue de rebondir joyeusement. Elle doit être en train de s’habiller et n’est arrivée qu’au stade du slip et du soutien-gorge – tous deux assortis, en satin noir avec de lourds motifs de boutons de roses roses brodés dans tous les sens. L’ensemble me rappelle la boîte de chocolats qui m’ont dégoûté des chocolats pour le restant de mes jours.

S’apercevant qu’il y a de la visite, elle pouffe d’un rire qui lui ébranle longuement les glandes mammaires.

— Oh ! Pardon !

Elle repart derechef dans la chambre en caracolant de plus belle.

— Ah ! Les bonnes femmes ! grommelle Martinelli. Celle-là me rendra cinglé ! Elle n’arrête pas de jacasser et elle parle comme une dinde !

— Je vois qu’elle a encore toutes ses dents. C’est une chance, après le jeton que vous lui avez filé ce matin.

— Un de ces jours, je prendrai une chaise et je la lui casserai sur la patate pour la faire taire !

A propos, vous avez déjà perdu cinq minutes, fliqueton.

— Je n’aime pas passer des accords avec des gangsters à la mie de pain, lui dis-je.



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